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França: O jornalista e o presidente

12 de Setembro de 2011


O chefe das redacções de “Le Figaro” trabalha sem pudor para a reeleição de Nicolas Sarkozy, afirma “Le Monde”, que o acusa de defender «as suas ideias e… os interesses dos seus accionistas».
“Le Figaro” é considerado como o jornal tradicional da burguesia de direita. O antigo primeiro-ministro giscardiano Raymond Barre chama “a pradva do RPR” (o partido agora denominado UMP) a este jornal, porta voz da direita conservadora e dos interesses económicos da família Dassault (aviões e armamento).

Le journaliste et le président

Etienne Mougeotte, le directeur des rédactions du ” Figaro “, oeuvre sans pudibonderie à la réélection de Nicolas Sarkozy. Partisan d’un journalisme d’opinion, il défend ses idées et… les intérêts de ses actionnaires 

Régulièrement, depuis six mois, Etienne Mougeotte prend le chemin de Neuilly et du domicile du président du conseil de surveillance de Vivendi, Jean-René Fourtou. Là, il retrouve Gérard Carreyrou et Charles Villeneuve, ses vieux copains de TF1, Michel Pébereau, le patron de BNP-Paribas, Michel Calzaroni, le communicant des entreprises et conseil de Jean-René Fourtou depuis vingt-six ans, Pierre Giacometti, l’expert en opinion de l’Elysée, Alain Carignon et Camille Pascal, tous deux conseillers de Nicolas Sarkozy, et Geoffroy Didier, l’oeil politique de Brice Hortefeux. Entre hommes, souvent septuagénaires, on discute d’économie, de politique, et surtout, de la meilleure façon d’aider Nicolas Sarkozy à être réélu, malgré son impopularité actuelle.

Cela a ennuyé Etienne Mougeotte, 71 ans, que Le Monde ait révélé, cet été, l’existence de ce cercle. Il sait bien que la société des rédacteurs du Figaro – où presque tout le monde l’appelle ” Etienne “ et le tutoie – s’émeut parfois de son engagement trop visible derrière le président. Que ses titres – il retouche peu les articles – soulignant systématiquement les divisions internes du Parti socialiste sont devenus un sujet de plaisanterie parmi ses journalistes. Ceux-ci s’amusent à scander la réflexion la plus anodine sur la pluie et le beau temps d’un moqueur ” et cela embarrasse le PS ! “

Recevant courtoisement dans son bureau du journal, il balaie vite les critiques : ” Nous sommes un journal du centre et de droite et nous soutenons Nicolas Sarkozy. Je crois, d’ailleurs, que les quality papers doivent être des journaux d’opinion. Et puis, j’ai fait des dizaines de groupes de lecteurs, jamais je n’ai entendu une remarque sur le fait que nous étions trop à droite ou trop sarkozystes. “

Il a souvent joué le rôle de conseiller des politiques. Lorsqu’il était encore le vice-président de TF1, nombre de ministres – parfois de gauche – l’interrogeaient sur les multiples études marketing réalisées auprès de ses téléspectateurs, convaincus que le public de TF1 n’était au fond qu’une France en réduction. A Matignon, Jean-Pierre Raffarin, le consultait avant ses réformes. Et c’est lui que Nicolas Sarkozy, fraîchement élu en mai 2007, appela, lorsque son séjour sur le yacht de Vincent Bolloré provoqua la polémique.

Au Figaro, qu’il dirige depuis l’automne 2007, son échantillonnage est plus homogène à droite. Mais il n’en est pas moins précieux. Brice Hortefeux, lorsqu’il occupait le ministère de l’intérieur, l’interrogeait fréquemment : ” Il me faisait partager la préoccupation de ses lecteurs “, reconnaît-il. Patrick Buisson, spécialiste de l’opinion et conseiller de Nicolas Sarkozy, discute presque chaque jour avec lui des tendances, des sondages mais aussi des titres de ” une ” du Figaro. Ce que l’ancien ministre, Alain Carignon, qui tente d’élargir les soutiens de Nicolas Sarkozy, résume ainsi : ” Mougeotte essaie de comprendre le lectorat. Et le lectorat, c’est aussi l’électorat. “

Il faut dire qu’Etienne Mougeotte a du flair, une grande finesse psychologique, de la réactivité. Il a le journalisme dans le sang. Sur le plan politique, c’est un libéral de centre-droit, sans véritable dogme. Vice-président de l’UNEF, dans les années 1960, il a rompu avec la gauche, dit-il, ” en 72, le jour de la signature du programme commun “. Professionnellement, il a toujours, à Europe 1, Télé 7 jours, TF1 ou au Figaro, contribué au succès des médias qu’il a dirigés. Il aime aussi graviter dans les cercles politiques, épousant sans difficulté les voeux de ses actionnaires, soucieux de défendre leurs intérêts industriels en servant les pouvoirs en place.

Dans les années 1970, il fut donc giscardien en diable, parce que Jean-Luc Lagardère espérait de l’Elysée une chaîne de télévision. Lorsqu’il passa à TF1 en 1987, il embrassa le balladurisme de Francis Bouygues, puis de son fils Martin, qui attendaient d’Edouard Balladur qu’il leur attribue le troisième réseau de téléphonie mobile. En 1995, après la déroute des balladuriens et la mise en cause de TF1, il accepta que l’on offre à Jacques Chirac, en gage de réconciliation, la tête de Gérard Carreyrou, un des rares parmi tous les proches d’Etienne Mougeotte à avoir voté Lionel Jospin. Et voilà Etienne Mougeotte désormais sarkozyste…

Les deux hommes n’ont ni le même caractère ni le même âge. Mais ils se connaissent” depuis l’époque où il était maire de Neuilly “, explique Etienne Mougeotte. Lorsque Edouard Balladur était à Matignon, c’est lui et Nicolas Bazire, directeur de cabinet du premier ministre, qu’Etienne Mougeotte voyait le plus souvent. ” Sarkozy était parvenu à convaincre Martin Bouygues que Balladur serait élu président de la République dès le premier tour… “, se souvient Gérard Carreyrou. La défaite de 1995 ne les a pas séparés, et Etienne Mougeotte a suivi pas à pas l’ascension de Nicolas Sarkozy jusqu’à l’Elysée.

Ils ne sont pas amis, cependant. Trop de différence de génération et de style. Etienne Mougeotte est un amateur d’opéra et de golf. Un adepte des nouvelles technologies, aussi, lui qui a couru s’acheter un iPad au premier jour de sa commercialisation en France. C’est aussi un homme qui a horreur du conflit. Il a survécu à un cancer de la gorge qui a altéré sa voix mais paraît reculer devant les colères de Nicolas Sarkozy. Ils ont cependant partie liée et chacun a rendu à l’autre les plus grands services.

A l’été 2010, au plus fort de l’affaire Bettencourt, le témoignage de Claire Thibout, la comptable de l’héritière de L’Oréal, menace ainsi l’Elysée. Dans une interview au site Mediapart, la comptable a évoqué des financements politiques, et notamment 150 000 euros qui auraient été versés par Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, à Eric Woerth, trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy. Nicolas Sarkozy prend l’affaire en main. Comme Claire Thibout le racontera ensuite dans le livre de nos collaborateurs, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, Sarko m’a tuer(Stock, 364 p., 19 ¤), des policiers sont spécialement dépêchés, le 7 juillet au soir, dans la maison où elle s’est réfugiée pour tenter de la faire revenir sur ses déclarations. Ils parviennent à lui faire lâcher que ses propos sur le financement politique relèvent de la ” romance “. Le 8 juillet au matin, l’Elysée a en main cette nouvelle déposition.

Nul ne le sait mais, ce jour-là, les directeurs du groupe Le Figaro tiennent leur séminaire annuel, dans un hôtel, à quelques kilomètres de Paris. Etienne Mougeotte doit y faire plusieurs interventions, mais il a à peine ouvert la séance, que son téléphone sonne. Il est appelé d’urgence à l’Elysée. Les participants le voient repartir en catastrophe pour Paris. Quelques heures plus tard, le site Internet du Figaro publie des extraits choisis de la déposition de la comptable ainsi qu’un fac-similé de son procès-verbal titrés : ” Claire Thibout dénonce la romance de Mediapart “… La société des journalistes du Figaro ne pourra que publier, quelques jours plus tard, un communiqué dénonçant la publication ” d’un PV tronqué, assorti d’un article non signé, qui participait à l’évidence de la stratégie de communication de l’Elysée “.

Quelques mois plus tard, le président de la République va rendre la pareille à Etienne Mougeotte. Au sein du Figaro, les directeurs savent qu’ils ont aussi pour tâche de ménager leur actionnaire. Tous ceux qui ont vu Etienne Mougeotte face à Serge Dassault ont admiré sa maestria en la matière. Chaque semaine, il se rend avec les principaux directeurs du groupe à un petit déjeuner au siège de Dassault, dans un hôtel particulier au Rond-Point-des-Champs-Elysées. L’endroit est luxueux comme une grande ambassade, mais sa fréquentation réclame du doigté. Car chaque semaine, Serge Dassault exige que son journal mène campagne contre les 35 heures, les syndicats, la gauche.

Jamais Etienne Mougeotte ne dit non aux exigences de ” Serge “. Au contraire, il prend soin de l’amuser et souligne aimablement à chacune de ses remarques : ” C’est très intéressant… C’est compliqué… Mais vraiment intéressant… “ Et repart sans donner d’autres gages que quelques articles sur l’Essonne, la circonscription du sénateur Dassault. ” La gestion de l’actionnaire est un art dans lequel il convient de ne pas trop briller et d’être diplomate “, sourit Francis Morel, l’ancien directeur général duFigaro. Ce dernier parle d’expérience.

En janvier, Serge Dassault le renvoie brutalement pour des raisons complexes qui mêlent un désaccord stratégique sur les acquisitions du groupe et une ” incompatibilité d’humeur “. Francis Morel a aussi refusé au propriétaire du Figaro le licenciement du journaliste Georges Malbrunot, coupable, aux yeux de l’avionneur, d’avoir révélé la coopération secrète entre Israël et les Emirats arabes unis à qui Dassault tente de vendre des Rafale. Etienne Mougeotte et Francis Morel sont des amis de toujours. Ils ont travaillé ensemble, depuis trente ans, au sein du groupe Hachette puis à TF1. ” Etienne “ plaide donc pour son ami. Mais maintenant qu’il voit que sa défense est vaine, il craint pour lui-même.

Nicolas Sarkozy va le sauver. ” Sarkozy a toujours soutenu Mougeotte, même s’il y a pu avoir des agacements, explique Brice Hortefeux. Nicolas aime Serge, mais l’interlocuteur professionnel, c’est Mougeotte. Il est sérieux, professionnel et en même temps sincère, car il n’attend plus rien de personne. “ Le sauvetage est proclamé symboliquement le 29 janvier, lors d’un voyage du chef de l’Etat à Addis-Abeba : Etienne Mougeotte est invité dans l’avion présidentiel.

Depuis, Etienne Mougeotte a continué d’aider Nicolas Sarkozy. Chaque fois que ses lecteurs ont montré leur désarroi ou leur incompréhension devant la politique du président ou, plus souvent encore, devant son style, il s’est fendu d’un éditorial pour le défendre. ” Depuis qu’il est là, le journal est tenu “, se félicite Pierre Charon, ancien conseiller de l’Elysée. Jusqu’à commenter ” de manière tendancieuse “, affirme aujourd’hui Denis Pingaud, le vice-président d’OpinionWay, les sondages que l’institut leur fournissait.

Parfois, lorsque des proches du chef de l’Etat discutent avec le directeur du Figaro, ils retrouvent dans sa bouche des analyses, des expressions qu’ils ont entendues à l’Elysée… A neuf mois de l’élection, Etienne Mougeotte juge que ” le président a gagné en gravité et en densité “. Il sait bien qu’une campagne est une alchimie qui se cristallise dans les derniers mois. Cela lui plaît d’y participer encore.

Raphaëlle Bacqué et Arnaud Leparmentier – “Le Monde” 11 Setembro 2011

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